Ameimse a publié une critique de Colorer le monde (suivi de :) Qui possède la lune ? par Mu Ming
Colorer le monde (suivi de:) Qui possède la lune ?
4 étoiles
Après "Le bracelet de jade" l'an passé, Argyll publie deux nouveaux textes de l'autrice chinoise Mu Ming, toujours proposés grâce à la traduction de Gwennaël Gaffric. L'autrice opte cette fois pour un cadre non plus historique, mais celui d'un futur proche, aux confins du récit science-fictionnel, pour explorer les manières dont la technologie influe sur, et peut contribuer à fonder/refonder notre rapport au réel comme à celleux qui nous entourent. Elle le fait en investissant la thématique de l'art, que décline différemment chacun des deux textes. Ces derniers partagent un même parti d'écriture : des descriptions fines et détaillées, au sein desquelles l'autrice dessine avec soin des contours et met en scène des jeux de lumières et de couleurs. Certaines pages apparaissent ainsi comme de véritables compositions artistiques qui se dévoilent au fil d'une lecture très visuelle. En adoptant un tel style "Colorer le monde" est l'occasion de s'interroger sur …
Après "Le bracelet de jade" l'an passé, Argyll publie deux nouveaux textes de l'autrice chinoise Mu Ming, toujours proposés grâce à la traduction de Gwennaël Gaffric. L'autrice opte cette fois pour un cadre non plus historique, mais celui d'un futur proche, aux confins du récit science-fictionnel, pour explorer les manières dont la technologie influe sur, et peut contribuer à fonder/refonder notre rapport au réel comme à celleux qui nous entourent. Elle le fait en investissant la thématique de l'art, que décline différemment chacun des deux textes. Ces derniers partagent un même parti d'écriture : des descriptions fines et détaillées, au sein desquelles l'autrice dessine avec soin des contours et met en scène des jeux de lumières et de couleurs. Certaines pages apparaissent ainsi comme de véritables compositions artistiques qui se dévoilent au fil d'une lecture très visuelle. En adoptant un tel style "Colorer le monde" est l'occasion de s'interroger sur la construction d'un commun médiatisé par des technologies, lesquelles changent et standardisent les expériences visuelles, la réception de ce que l'on voit comme leurs expressions par un langage lui aussi en mutation. Une histoire pleine de sensibilité autour de rapports mère/fille qui m'a touchée. "Qui possède la lune ?" explore quant à elle les enjeux matériels et économiques de la création, des espaces que l'on peut trouver dans des conditions contraintes, mais aussi toute l'ambivalence de technologies qui peuvent influer et redistribuer certains rapports de force. Un texte dense, avec quelques ellipses, dont j'aurais aimé voir certains aspects plus développés. Au fil des deux portraits de figures féminines qui sont esquissées, l'autrice attire donc l'attention des lecteurices sur l'importance du regard et sur la manière dont il peut déterminer un certain rapport de monde, que peuvent perturber, voire bouleverser, des technologies, mais aussi d'autres points de vue - à condition d'être capable de les recevoir. Le style d'écriture m'a tout autant marqué que les thèmes abordés : j'espère que d'autres écrits de cette autrice seront prochainement traduits.